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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/582

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DÉCOUVERTE.

— Ma vie ? c’est tout simplement une phrase de l’histoire de l’espèce humaine : si ce n’en est pas la meilleure, c’en est bien certainement la moins sotte ; car il y a longtemps que j’ai reconnu la corrélation des actions humaines. Ainsi je sais que le mal n’est pas une chose, c’est tout simplement l’absence du bien à un degré plus ou moins éloigné, comme le froid est l’absence du calorique. Ainsi les gens qui vous paraissent si criminels sont tout simplement les habitans de la Sibérie morale ; votre cœur est chaud, le leur est glacé : quand le thermomètre est à dix degrés au-dessous de zéro, vous gelez et eux se réchauffent… Et puis venez donc me vanter la sagesse de ces législateurs qui veulent que des tempéramens moraux si divers obéissent à une seule et même loi !… Autant vaudrait décréter que le feu et l’eau seront désormais composés des mêmes élémens, et seront tenus de vivre en bonne intelligence.