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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/593

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JUSTINE.

tir à Dieu et aux hommes. Deux ans après, j’étais un hypocrite accompli ; j’avais des passions ardentes, le désir et la volonté de les satisfaire, et tous les signes extérieurs de la modestie et de la dévotion. On m’admirait, et, en vérité, ce n’était pas sans raison ; car j’étais l’un de ceux qui avaient le mieux profité des leçons et de l’exemple des saints personnages chargés de nous initier aux mystères sacrés qui devaient nous faire vivre aux dépens des sots. Rien ne me manquait quand je sortis de là. Le jour même où je chantai ma première messe je devins amoureux fou de la plus jolie femme que j’eusse encore vue. Afin d’avoir plus souvent l’occasion de me tourner vers les assistans et de voir les beaux yeux de la charmante dévote se lever vers moi, et se baisser ensuite lentement sur son livre, je multipliais les dominus vobis cum ; le sacristain qui m’assistait m’avertit charitablement que je me trompais ; je l’envoyai au diable, et j’achevai d’avaler le