Aller au contenu

Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/600

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
CONFESSIONS.

projets, en eût rendu l’exécution plus difficile. Je restai donc abbé ; mais cela ne m’empêcha pas de me lancer dans le monde. Je me liai avec le marquis de Ravelli ; c’était un homme de quarante ans, qui paraissait en avoir soixante ; il logeait dans un corps usé un esprit fort pauvre. C’était un de ces libertins qui prennent une jeune femme pour réchauffer leur vieillesse ; de ces gens qui parlent à tout propos de leur honneur, qui sont en paix avec ce qu’ils appellent leur conscience, et qui attachent sans scrupule le chef-d’œuvre de la création à un cadavre.

Je voyais la marquise tous les jours ; je passais près d’elle des heures entières, et cependant mes affaires n’allaient pas vite ; après m’être montré respectueux et empressé, j’avais jugé convenable de montrer la plus grande réserve, et la religion devint bientôt l’unique sujet de mes longs entretiens avec