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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/601

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JUSTINE.

cette séduisante femme : je jetais de secrètes terreurs dans son âme, afin d’avoir ensuite à la rassurer ; je l’amenais quelquefois au doute pour lui rendre ensuite toute sa foi. J’essayais ainsi mes forces, et j’habituais la jeune marquise à n’avoir d’autre opinion que la mienne, et à croire en quelque sorte à mon infaillibilité. Cette marche était lente, mais sûre.

Madame de Ravelli avait un directeur ; je m’étais fait l’ami de cet homme, que la fortune n’avait pas traité en enfant gâté. Dès que je crus le terrain convenablement préparé, j’allai trouver ce directeur.

— Mon cher confrère, lui dis-je, il faut absolument que vous renonciez à diriger la belle marquise dans la voie du salut.

— Que voulez-vous dire ?

— Je veux être à mon tour le directeur de