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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/612

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TRANSITION BRUSQUE.

— Je n’en veux ni pour vous ni pour moi : apportez des armes, cela suffira.

Le champion ne se fit pas long-temps attendre ; il jeta à mes pieds l’une des deux épées qu’il apportait ; je la ramassai, et nous commençâmes à ferrailler. Je reconnus promptement la supériorité du marquis ; la vigueur de mon poignet ne pouvait balancer l’avantage que lui donnait un long et fréquent exercice. Déjà j’avais été touché à deux reprises ; son fer avait glissé sur mes côtes, et le sang coulait sur ma soutane. Je recule, il avance, et je me trouve bientôt adossé contre un mur où mon adversaire va me clouer. Ce mur était à hauteur d’appui ; en étendant le bras gauche, je sens une pierre qui roule sous ma main ; je la saisis et je la lance à la tête du marquis avec tant de bonheur et de violence, qu’il tombe à la renverse. Je m’approche pour le désarmer, c’était inutile : la pierre lui avait