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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/635

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JUSTINE.

avoir été tout exprès créé et mis au monde pour servir de pâture aux gens d’esprit de notre sorte. C’était un homme d’environ soixante ans dont la crédulité faisait proverbe, même dans ce pays de dupes ; il était fort riche, chose très-importante ; sa fille unique était excessivement jolie ; sa femme l’avait été, circonstances qui ne pouvaient rien gâter. Un soir, vers neuf heures, nous nous présentons au château ; on refuse d’abord de nous recevoir ; Risbac insiste. On veut savoir qui nous sommes ; alors Risbac déclare que nous ne pouvons nous faire connaître qu’au comte, puis d’un ton solennel il ajoute :

— Allez ! allez dire à M. de Kakerboc que nous venons ici par ordre du roi !

Oh ! alors les gens du comte changèrent de ton ; les têtes se découvrirent, les révérences se multiplièrent. Par ordre du roi !