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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/66

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JUSTINE.

d’autres ! C’est toujours avant le dessert qu’ils viennent vous demander l’extrême-onction…

Cependant comme la vieille gouvernante, malgré sa mauvaise humeur, faisait grand cas du casuel, et qu’elle savait que son curé n’était pas homme à laisser mourir sans confession un paroissien qui avait quelque chose à donner, elle se décida à introduire Justine dans la salle à manger où elle trouva le saint homme engloutissant la dernière tranche d’un énorme gigot.

— On vient vous chercher pour administrer les sacremens, dit la gouvernante.

— Mon père, j’ai faim, dit Justine d’une voix mourante.

— Bon, mon enfant ! c’est très-bien ; mais il n’est pas l’heure de se présenter à la sainte table, le pain des anges n’est pas prêt.

— Mon père, c’est pour sauver mon âme