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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/680

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LE BIEN ET LE MAL.

France travaillât à reconquérir son royaume en vendant du sucre ou de la toile : je préférai lui avouer la vérité. Je l’aimais tant, je me croyais si tendrement payé de retour, qu’il me parut impossible que ma franchise eût un résultat funeste ; et puis il me semblait que ce serait bien débuter dans cette carrière d’honnête homme, dont j’étais alors engoué.

Un soir, à notre retour du Théâtre de la Nation, où nous étions allés entendre de longues tirades contre les despotes, ces tirades avaient fort scandalisé ma jolie maîtresse ; la pauvre petite s’efforçait de me faire oublier, par ses caresses, la prétendue ingratitude de mes sujets : je crus le moment favorable.

— Si je t’aimais moins, ma belle amie, lui dis-je, et surtout si j’étais moins sûr de ton cœur, je te laisserais ton erreur ; mais je puis maintenant sans danger te faire la confidence que je t’ai trompée…