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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/679

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JUSTINE.

plaindre, et le lendemain, en entrant à Paris, nous nous quittâmes bons amis.

Les premiers jours s’écoulèrent rapidement ; j’avais pris un riche appartement dans l’un des plus beaux hôtels, et je passais tout mon temps à satisfaire les fantaisies d’Éléonore, que je ne quittais pas un instant, et que j’aimais toujours plus que jamais… Oh ! c’était là une bien belle et douce vie, je l’avoue ; mais pourquoi ces instans fortunés ont-ils été si courts, et surtout si chers ! En un mois je dépensai trente mille francs. Cela ne pouvait pas durer long-temps ; et, le sac une fois vide, je n’avais aucun moyen pour le remplir ; tout amoureux que j’étais, je fis cette sage réflexion, qui m’en suggéra d’autres, et je résolus d’entreprendre quelque commerce, afin de faire fructifier les fonds qui me restaient. Il fallait préparer Éléonore à ce changement de vie, et il eût été tout-à-fait difficile de lui faire croire que le roi de