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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/724

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UN ÉVÊQUE.

protester contre ce que j’appelais cette cruelle méprise, les preuves étaient tellement positives et accablantes, que mon arrestation fut maintenue. Seulement j’obtins d’être conduit chez moi pour y être gardé à vue jusqu’à ce que cette affaire fût tout-à-fait éclaircie.

Il me serait difficile de vous dire tout ce que j’éprouvais ; c’était pis que de la rage : j’aurais voulu déchirer avec les ongles et les dents cette tourbe ignoble qui s’était ameutée dans l’enfer d’où j’avais réussi à m’échapper. En arrivant chez moi, je changeai de costume, et je pris des habits de laïque ; je mis dans mes poches tout l’or qui me restait ; puis, feignant de chercher quelque papier dans mon secrétaire, j’en tirai un poignard, et, me jetant sur le misérable qui me gardait à vue, je l’étendis mort à mes pieds. Ensuite je pénétrai dans la maison voisine en escaladant un mur, et j’arrivai enfin dans la rue.