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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/751

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JUSTINE.

reste de ses fonctions, il s’en moquait comme de l’an quarante ; il ne pouvait d’ailleurs se résoudre à mettre de l’encre sur ce beau registre blanc que le sous-préfet lui avait envoyé ; et les conseillers municipaux, qui ne savaient pas lire, avaient d’excellentes raisons pour ne pas trouver à redire à ce que faisait ou ne faisait pas monsieur le maire ; de sorte que les affaires de la commune allaient à la grâce de Dieu, ce qui n’empêchait pas que tout fût pour le mieux.

Ce brave homme était gravement assis entre un pot de piquette et une tranche de lard lorsque Guibard entra, la tête haute et sans ôter son chapeau : le maire fut tenté de le prendre pour le préfet de son département ; il se leva, ôta son bonnet de coton et tira le pied droit en arrière.

— C’est vous qui êtes le premier magistrat de cette commune ? dit Guibard.