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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/757

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JUSTINE.

Guibard comprit bien vite qu’il n’avait rien à redouter de l’intelligence de ces braves gens, et, comme il était très-fatigué, il accepta de grand cœur le souper et le gîte qui lui étaient offerts.

— Allons, Marianne ! s’écria le maire, la broche, mon enfant… Toi, Jeannette, mets la table dans la grande salle… La grande salle, monsieur le comte, c’est comme qui dirait la maison commune ou l’Hôtel-de-Ville ; en cas d’mariage, les mariés n’en sortent qu’pour aller s’coucher : mon bureau sert d’ralonge à la table et d’orchestre au ménétrier.

Guibard ne pouvait s’empêcher d’admirer ces mœurs patriarcales que la civilisation s’efforçait de corrompre ; il fit tous ses efforts pour mettre son esprit à la hauteur de celui de ses convives ; mais ce fut inutilement : à chaque instant cette civilisation le prenait