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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/758

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LE VIEUX TEMPS ET LE NOUVEAU.

pour ainsi dire à la gorge, et lui faisait crier merci. Il sentait que, malgré lui, il appartenait à ce monde de corruption ; les vieilles habitudes l’emportaient sur les sensations nouvelles, et il était maintenant arrivé trop loin pour qu’il lui fût possible de retourner sur ses pas. Il riait pourtant, mais d’un rire dédaigneux, causé par la contraction. Il lui semblait que les paysans au milieu desquels il se trouvait valaient davantage que lui, et cependant il affectait avec eux, et sans pour cela se faire violence, un air de supériorité qu’on ne lui contestait pas.

— Décidément, se disait-il en se couchant, le terme moyen sera toujours une sottise ; il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, et, après tout, il vaut mieux être mangeur que mangé.

Là-dessus, le vieux forçat s’endormit tranquillement, et ne s’éveilla que fort tard, le lendemain.