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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/775

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JUSTINE.

ble qu’il ne réussît pas, quelque périlleuse que fût l’entreprise qu’il avait conçue. Elle comptait les heures ; il lui semblait que chaque instant qui s’écoulait la rapprochait de Georges. Cette fois elle était bien décidée à quitter la France avec l’infortuné Valmer ; après avoir tant souffert, elle espérait trouver le bonheur sous un ciel étranger, et elle faisait, pour un avenir qui lui paraissait prochain, des projets à perte de vue qui l’aidaient à tromper son impatience.

Huit jours s’écoulèrent ainsi, puis l’inquiétude vint. Guibard n’avait-il pas échoué ? n’était-il pas plus raisonnable de craindre que d’espérer quand il s’agissait de vaincre des difficultés si grandes, de braver tant de dangers ? voilà ce que se demandait l’orpheline, et elle se laissait aller à la tristesse ; mais l’espérance revenait bientôt, et chaque soir elle se disait : — C’est peut-être pour demain !