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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/814

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L’HOSPICE.

matelas. Après qu’elle fut visitée, on jugea son admission urgente, les bonnes femmes la quittèrent en la recommandant à Dieu, et s’éloignèrent. Pour l’intéressante victime, elle fut emportée dans une salle immense dont presque tous les lits étaient occupés, et où se promenaient quelques fantômes lépreux que la tombe semblait réclamer. Justine était très-faible et presque insensible ; de sorte que ce dégoûtant spectacle fit peu d’impression sur elle. On la mit dans un lit, on inscrivit son nom, son numéro, et on la laissa abandonnée à son malheureux sort.

C’est si peu de chose qu’un malade de plus dans un hôpital à Paris, que personne ne fit attention à la pauvre fille. On ne songea pas à lui procurer le moindre soulagement : il fallait attendre la visite des médecins. L’heure de cette visite étant venue, les plaies de l’infortunée furent mises à nu, examinées, sondées par des hommes qui ne