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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/840

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UN CONVOI.

mon cher ; je comprends parfaitement la douleur qui te brise l’âme ; mais c’est particulièrement dans ces circonstances pénibles qu’il faut rappeler tout son courage.

— Oh ! vraiment, il y a de quoi être fier !… Guibard, vous avez donc changé d’avis sur le compte de l’espèce humaine ?

— Pas précisément, mon ami ; je crois toujours que les hommes sont sots et méchans ; mais je pense aussi que tout le mal vient de notre organisation sociale.

— Que m’importe ? Tenterai-je de réformer le monde ? n’est-il pas plus sage de le quitter… Je crois fermement à une autre vie, et j’ai hâte de quitter celle-ci. Ô mon ami ! la prospérité du crime est comme la foudre dont les feux trompeurs n’embellissent un instant l’atmosphère que pour précipiter, dans les abîmes de la mort, les malheureux qu’ils ont éblouis.