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Page:Raban - Justine, ou Les malheurs de la vertu, 1836.djvu/88

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JUSTINE.

— Je suis orpheline et n’ai point de protecteur.

— Le ciel vous en envoie un, et j’accepte avec joie la mission qu’il me donne… Mais hâtons-nous de fuir ; lorsque vous serez en sûreté, nous nous entendrons mieux.

Il y avait, dans ces paroles du jeune homme, un certain charme tout nouveau pour Justine ; et, bien que l’expérience que sa cruelle position lui avait fait acquérir en peu de jours la portât à se défier des hommes, elle n’hésita pas à se mettre sous la protection de Georges. Elle s’appuya donc sur le bras du réfractaire, et ils marchèrent à travers champ aussi bien que le permettait à la jeune fille sa faiblesse et les douleurs intolérables que lui causait le contact de ses pieds avec les aspérités d’une route non frayée. Après avoir marché quelque temps, Georges s’aperçut que les forces