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Page:Rabaut - Le vieux Cévenol, 1886.djvu/108

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ambroise veut sortir du royaume.

Il n’avait point oublié l’exhortation que sa mère lui avait faite de tâcher de délivrer ses frères et ses sœurs pour les faire passer dans un pays de liberté, et il résolut de ne rien négliger pour cela. Il se transportait sans cesse, par la pensée, dans ces heureuses contrées où il trouverait enfin la liberté de conscience et le repos. Cent lettres, qu’il avait lues de divers réfugiés, lui avaient dépeint le plaisir qu’ils avaient éprouvé lorsqu’ils s’étaient vus hors de France. La joie de ces malheureux expatriés était si vive, qu’aussitôt qu’ils étaient sortis des frontières, ils se jetaient à genoux pour remercier le ciel ; ils baisaient avec transport cette terre nouvelle qui leur donnait l’hospitalité, et, se tournant vers leur patrie, ils versaient des larmes sur ceux qui y étaient encore renfermés. Tous ces récits échauffaient tellement l’imagination des protestants français, qu’ils sortaient par centaines et par milliers ; on voyait les charrues abandonnées au milieu des campagnes, les bestiaux délaissés dans les étables, les manufactures renversées et les fugitifs s’évader enfin par troupes si considérables, que ni les corps de garde, ni les archers, ni les paysans armés n’osaient les arrêter[1].

  1. Quels maux ne marchèrent pas à la suite de ces désertions nécessitées ! Ils se multiplièrent à l’infini : non seulement on perdit des sujets utiles ; non seulement l’or, l’argent et les arts de la France furent portés en d’autres climats ; mais on vit tomber, bientôt après, les fabriques, les manufactures et