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le vieux cévenol.

quelques bons établissements ; il n’y a point d’idée utile qui n’ait été adoptée par quelque prince. J’avoue enfin que je suis doucement ému lorsque je lis un écrit qui dispose les hommes à la tolérance, parce qu’il me paraît que l’opinion publique est toujours la dominatrice des souverains, qui sont, ainsi que le vulgaire, élevés et formés d’après les idées généralement reçues.

J’entends bien quelques gens murmurer sourdement et regretter le temps passé ; je les plains d’être nés un siècle trop tard. Oh ! s’ils étaient venus dans les beaux jours de la France, dans le siècle brillant et destructeur des Fénelon et des Bâville, des Racine et des Marillac, des La Fontaine et des d’Hérapine, des Corneille et des La Chaise, combien leur âme aurait été égayée par les spectacles intéressants qui s’offraient dans les provinces ! Tandis que Louis le Grand assistait dans Paris aux comédies de Molière ou aux drames harmonieux de Quinault, dont il aimait surtout les prologues, le petit peuple des petites villes assistait à des tragédies réelles. Aujourd’hui, c’était une chaîne de galériens qu’on allait voir passer, et qu’on avait le plaisir d’accabler d’injures. Le lendemain, c’étaient de vieilles dévotes huguenotes, ou de jeunes garçons, ou quelque fille bien faite, qui étaient fouettés publiquement par la main du bourreau. Un autre jour, on allait voir pendre cinq ou six personnes pour passer le temps ; et ces spectacles n’étaient point rares. On