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le vieux cévenol.

jet qu’il avait tenu soigneusement caché : c’était de faire couler à fond le bâtiment. On l’avait choisi bien vieux et déjà il faisait eau de toutes parts ; on transporta dans la chaloupe tout ce qu’il y avait de plus précieux, et le capitaine y passa lui-même avec son petit équipage. Deux matelots seulement restèrent pour exécuter ses ordres, ce qui se fit avec toute l’intelligence possible. Ils ôtèrent un tampon qui bouchait une voie d’eau, et se jetèrent à la nage pour rejoindre la chaloupe. Quelques-uns des exilés, du nombre desquels était Ambroise, voyant le péril, brisent leurs fers, courent à la pompe, travaillent longtemps avec effort ; mais tout cela fut inutile. L’eau gagna insensiblement le fond de cale ; et au milieu des balancements effrayants du navire, ils se sentirent descendre et s’engouffrer enfin dans les abîmes des eaux[1].

  1. Voyez Benoît, Hist. de l’Édit de Nantes, tome V, à la fin. On y trouve une liste des personnes envoyées en Amérique. Voyez aussi les Lettres pastorales de Jurieu.