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le vieux cévenol.

entendue, et surtout des méchantes rimes sur lesquelles elle était composée, et il le témoigna aux convives d’un ton un peu moqueur.

— Nous convenons, monsieur, lui dit modestement un homme de la compagnie, que ces vers sont antiques et la musique traînante, mais voilà quel est l’empire de l’usage. Quand nos aïeux adoptèrent la traduction de Marot, ils la trouvèrent en vogue à la cour. Marot était un des premiers poètes de son temps, et l’on ne pouvait faire un meilleur choix. Si nous continuons à nous servir de ses psaumes, c’est qu’il est difficile de changer les usages établis, et que peu de gens ont le courage de surmonter cette difficulté ; quant à la musique, elle est de Goudimel, qui fut tué dans la journée de la Saint-Barthélemy ; elle est belle et noble ; le célèbre Jean-Jacques l’appelle « l’harmonie forte et mâle de Goudimel ; » mais elle est mal chantée, parce qu’elle est livrée à la multitude qui ne peut s’accommoder d’une musique un peu difficile. Cependant cela peut être réformé ; il ne nous faudrait qu’un peu plus de tranquillité, car vous sentez qu’on ne songe guère à parer le temple, lorsqu’il tombe en ruine de toutes parts.

— Mais enfin, monsieur, reprit le jeune homme, pourquoi une musique, pourquoi des prêches, pourquoi des psaumes ? Ne pourriez-vous pas vous contenter de prier Dieu chez vous de la façon que vous l’entendrez, sans vous exposer à cet affreux soleil qui m’a desséché le cerveau ? Pour moi, je