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ambroise va au prêche.

pense que tout hommage est agréable à Dieu, et je ne crois pas qu’il vous ait ordonné de l’ennuyer d’une méchante musique.

— Vous pensez ainsi, lui répondit le même homme, et moi je pense autrement ; agissez selon votre opinion, mais laissez-moi me conduire selon la mienne. Je puis me tromper, il est vrai ; mais vous pouvez vous tromper aussi. Si vous croyez que Dieu ne vous a rien ordonné, à la bonne heure ; mais moi qui crois que Dieu exige que je l’adore de la façon dont je l’adore ; je désobéirais à ma conscience, si j’en agissais autrement. Je veux bien croire avec vous que Dieu n’exige pas que je chante sa puissance et sa bonté en mauvais vers, mais je crois que les vers bons ou mauvais lui sont également agréables, parce que c’est le cœur qu’il me demande et qu’il n’a pas des organes comme nous. Je crois encore qu’il est indifférent au Dieu de toutes les nations et de toutes les langues, que je chante ses louanges en latin ou en français ; mais je crois plus raisonnable et plus utile pour nous de le faire dans la langue que nous entendons. Enfin, monsieur, jusqu’à ce qu’on m’ait prouvé que je ne dois à Dieu aucun hommage public, il faut absolument que je lui rende celui que je suis persuadé qu’il m’a prescrit.

Le vieux voyageur prit alors la parole, et dit à son compagnon : — Mon ami, j’ai parcouru beaucoup de pays,