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Page:Rabaut - Le vieux Cévenol, 1886.djvu/56

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embarras d’ambroise.

le Rév. père La Chaise. » — « Encore le père La Chaise ! » dit Ambroise, « et c’est donc lui qui dresse toutes ces déclarations ? » — « Oui, mon ami ; c’est par zèle pour le salut de nos âmes qu’il prend tant de précautions pour détruire l’hérésie. C’est pour cela que toutes les sages-femmes protestantes sont interdites de leurs fonctions par une déclaration du roi[1]. Il est vrai qu’en plusieurs endroits il n’y en a point d’autres, et que beaucoup de femmes, en mettant au monde leur enfant, sont mortes sans secours ; mais elles ne sont mortes que de la mort temporelle, ce qui est un très petit mal pour l’État. Il y a, comme vous voyez, du monde de reste en France, puisque l’on en tue et que l’on en bannit une si grande quantité. Autrefois, l’on croyait que la force d’un empire consistait dans sa population ; mais on est bien revenu de cette folie, et les Jésuites ont prouvé qu’un État ne peut manquer de prospérer si le confesseur du roi est jésuite, et si l’on y est respectueusement soumis aux volontés de Rome. » — « En sorte, » dit Ambroise, « que le royaume d’Angleterre doit nécessairement périr, et que les Anglais ne nous battront jamais ? » — « Ils nous battent, à la vérité, aujourd’hui, » dit l’apothicaire ; « mais c’est pour

  1. Du 20 février 1680. — Le 27 septembre 1748, la femme d’Antoine Fesquet, du lieu de Ganges, fut condamnée à trois mille livres d’amende pour avoir exercé la profession de sage-femme.