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Page:Rabaut - Le vieux Cévenol, 1886.djvu/66

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misère de la mère d’ambroise.

ses soins pour l’aîné, redoubla d’ardeur pour perfectionner l’éducation des autres. Cette éducation se bornait aux instructions domestiques, et n’avait d’autre but que d’en faire de bons sujets et de les élever dans les sentiments qu’elle avait elle-même. Claude Upokritès, homme vénérable qui vivait dans ce pays-là, y exerçait une très belle charge : sa fonction était de dénoncer les entêtés et de les recommander au bourreau, et ses gages honnêtes se prenaient sur leurs dépouilles. Plein d’une sainte avidité, ce charitable inquisiteur recherchait avec soin les délinquants, et, grâce à l’heureuse population de ce pays, il ne manquait pas d’occasions pour donner des preuves de son zèle. Aussi s’aperçut-il bientôt que la mère du jeune Ambroise n’envoyait aucun de ses enfants ni à l’école ni à la messe, et qu’elle violait en ce point les ordonnances du roi. Il la fit condamner à payer les amendes prescrites par les déclarations[1]. La mère les paya gaiement,

  1. Déclarations du roi du 13 décembre 1698 et du 16 octobre 1700, par lesquelles il est ordonné aux protestants qu’on supposait convertis en vertu des ordres du roi et des vexations des dragons, d’envoyer les enfants aux écoles et aux catéchismes catholiques. Les juges devaient condamner à des amendes ceux qui contreviendraient à ces ordres ; on enlevait les enfants à leurs parents, pour les faire élever dans des collèges et des couvents. Les Jésuites arrachèrent cet ordre barbare à Louis XIV, lui ayant persuadé qu’il était obligé en conscience de préserver ces enfants de l’erreur, et qu’il répondrait devant Dieu de leur perdition.