broise était coupable. Déjà Upokritès avait reçu la déposition des deux témoins qui avaient ouï le discours de cet infortuné ; et, le lendemain même, on avait arraché Jérôme Borély à sa famille, pour le traîner dans un cachot. Telle est la nouvelle que l’on apportait à la mère d’Ambroise.
On se peint aisément la désolation de cette pauvre veuve. Il ne faut à une âme abattue par la douleur qu’une infortune légère pour achever de l’accabler ; c’est ainsi que le dernier coup de hache renverse un chêne que vingt bras avaient attaqué. Ce coup était donc beaucoup trop fort pour la mère d’Ambroise ; elle en fut atterrée. Quant au fils, il était au désespoir. « Quoi ! » disait-il en sanglotant, « mon oncle, mon cher oncle, mon second père, arraché d’entre nos bras, enfermé dans un cachot infect, et chargé de fers ! Mon cher oncle, l’homme le plus vertueux, condamné à passer le reste de ses jours avec les plus vils scélérats, couvert de l’ignominie du crime ! et pourquoi ? grand Dieu ! pour avoir détesté l’hypocrisie ! Que mériterait-il de plus s’il eût déshonoré sa vie par d’infâmes larcins ? » Il s’écriait encore en fondant en larmes :
« Mon pauvre oncle, vous ne pourrez résister à la fatigue de la chiourme, aux intempéries de la mer et à une nourriture détestable ! Il me semble que je vous vois étendu sur le coursier, le dos dépouillé, et près de vous le comite