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le vieux cévenol.

monsieur, mon oncle n’a point de titres de mes dettes ; mais ils sont écrits dans mon cœur, et, s’il a oublié les bienfaits dont il m’a comblé, c’est une raison de plus pour que je m’en souvienne. » — « Cela fait l’éloge de votre cœur ; mais, avec un bon cœur, on n’a pas toujours la permission de vendre son bien, et un huguenot honnête homme est moins heureux en ce point qu’un scélérat qui a le bonheur d’être catholique. » Du moins, si je ne puis vendre mon bien, je suis apparemment le maître de le donner ; cela reviendrait presque au même pour moi ; car je pense que ce petit bien engagerait M. Upokritès et ses amis à passer par-dessus les formalités ordinaires. » — « Non, mon cher Ambroise, la loi vous gêne encore, et elle défend toute donation entre-vifs ; ainsi, vous êtes le maître d’acquérir autant qu’il vous plaît, mais vous ne l’êtes pas de disposer, et je ne vois d’autre moyen pour vendre votre domaine que d’en obtenir la permission. » Ambroise ne pouvait concevoir qu’une loi l’empêchât d’être reconnaissant. « Quoi ! » disait-il, « j’ai du bien, je veux le donner à autrui parce que je ne m’en soucie plus, et je ne serai pas le maître de le faire ! Voilà ce que je ne comprendrai jamais. » L’avocat lui fit entendre alors que le but de cette loi était d’empêcher les nouveaux convertis de sortir du royaume. « Le prince sait donc que nous y sommes mal, puisqu’il craint