broise n’eut pas besoin de demander ce que c’était ; les injures que la populace vomissait contre les huguenots, et ces cris répétés de partout : « C’est bien fait, c’est bien fait ; on devrait leur en faire autant à tous ; ah ! si nous pouvions les voir tous pendre et brûler ! » tout cela lui fit comprendre que c’était un de ses frères qui avait refusé, sur son lit de mort, de recevoir les sacrements. La populace, échauffée par ce spectacle, jetait de la boue et des pierres contre les maisons et les boutiques des huguenots, et poursuivait ceux qui avaient le malheur de se trouver dans la rue ; on eût dit d’une sédition ou d’une ville au pillage. Ambroise voulut fuir, mais il fut reconnu, et ne put échapper assez vite pour ne pas recevoir quelques coups ; il perdit son chapeau ; son
cadavre de coups ; ensuite ils le pendirent par les pieds, lui ouvrirent le ventre, lui arrachèrent le cœur, le foie et les entrailles, qu’ils portèrent en procession, et coupèrent le corps en quatre quartiers. Ces faits sont attestés par le procès-verbal du juge, mais il n’en a fait aucune punition.
Claude Cabanis, négociant d’Alais, dans les Cévennes, à qui sa probité, sa charité et ses talents avaient concilié une estime universelle, et qui s’était rendu très utile dans les lieux où il avait formé son établissement, étant décédé à Lavaur, le 14 juillet 1749 et ayant été inhumé la nuit, malgré les longues oppositions de la populace, il fut exhumé à la sollicitation des Pénitents blancs, et mis en pièces.
Le ministre des protestants Louis Ranc, âgé de vingt-cinq ans, ayant été exécuté à Die, en 1745, M. d’Audiffret, subdélégué de l’intendant, et un grand vicaire, firent ensuite traîner le cadavre par les rues, et contraignirent un jeune protestant d’aider au bourreau dans cette circonstance.