Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/83

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thes. L’on luy atachoyt un cable en quelque haulte tour pendent en terre : par icelluy avecques deux mains montoyt, puys devaloyt sy roiddement, & sy asseurement, que plus ne pourriez parmy un pré bien eguallé. L’on luy mettoit une grosse perche apoyée à deux arbres à ycelle se pendoyt par les mains, & d’ycelles alloyt & venoyt sans des pieds à rien toucher, que à grande course on ne l’eust peu aconcepvoir. Et pour se exercer le thorax & poulmons, crioyt comme tous les diables. Ie l’ouy une foys appelant Eudemon depuis la porte de Bessé iusques à la fontaine de Marsay Stentor n’eut oncques telle voix à la bataille de Troye Et pour gualantir les nerfz l’on luy avoyt faict deux grosses saulmones de plomb chascune du poys de huys mille sept cens quintaulx lesquelles il nommoyt alteres. Icelles prenoyt de terre en chascune main & les elevoyt en l’air au dessus de la teste, et les tenoyt ainsy sans soy remuer troys quars d’heure & dadventaige que estoyt une force inimitable. Iouoyt aux barres avecques les plus fors. Et quand le poict advenoyt se tenoit sus ses pieds tant roiddement qu’il se abandonnoyt es plus fors en cas qu’ils le feissent mouvoir de sa place. Comme iadys faisoyt Milo. A l’imitation duquel aussy tenoyt une pomme de grenade en sa main, & la donnoyt à qui luy pourroyt houster. Le temps ainsi employé luy frotté, nettoyé, & refraischy d’habillemens, tout