demi canon, un petit paragraphe, un seul notable[1] de ces sacrosaintes décrétales, vous sentez en vos cœurs enflammée la fournaise d’amour divin, de charité envers votre prochain, pourvu qu’il ne soit hérétique, contemnement[2] assuré de toutes choses fortuites et terrestres, extatique élévation de vos esprits, voire jusques au troisième ciel, contentement certain en toutes vos affections ! »
CONTINUATION DES MIRACLES ADVENUS PAR LES DÉCRÉTALES.
« Voici, dit Panurge, qui dit d’orgues[3], mais j’en crois le moins que je peux. Car il m’advint un jour à Poitiers, chez l’Écossais docteur décrétalipotens d’en lire un chapitre : le diable m’emporte si, à la lecture d’icelui, je ne fus tant constipé du ventre que par plus de quatre, voire cinq jours, je ne fientai qu’une petite crotte. Savez-vous quelle ? Telle, je vous jure, que Catulle dit être celles de Furius, son voisin :
— Ha, ha ! dit Homenas. Inian[6], mon ami, par aventure, étiez en état de péché mortel.
— Cetui-là, dit Panurge est d’un autre tonneau.
— Un jour, dit frère Jean, je m’étais à Seuillé torché le cul d’un feuillet d’unes méchantes clémentines, lesquelles Jean Guymard, notre receveur, avait jetées on[7] préau du cloître : je me donne à tous les diables si les rhagadies[8] et hœmorrutes[9] ne m’en advinrent si très horribles que le pauvre trou de mon clos bruneau[10] en fut tout dégingandé.
— Inian, dit Homenas, ce fut évidente punition de Dieu, vengeant le péché qu’aviez fait incaguant[11] ces sacres livres, lesquels deviez baiser et adorer, je dis d’adoration de latrie[12], ou d’hyperdulie[13] pour le moins. Le Panormitan n’en mentit jamais.