Page:Rabelais - Gargantua et Pantagruel, Tome I (Texte transcrit et annoté par Clouzot).djvu/14

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les ait continuées au couvent de la Baumette, près d’Angers où il aurait eu pour condisciples les frères du Bellay et Geoffroy d’Estissac. Mais le renseignement est vague et autant vaut dire que nous ne savons rien de certain sur les années d’enfance et de jeunesse de Rabelais, avant 1520. À cette date, il a revêtu la robe de cordelier au couvent de Fontenay-le-Comte, commençant à se faire un renom d’humaniste et d’érudit au-dessus de son âge.

La capitale du bas Poitou abritait alors un petit cénacle de jurisconsultes savants qui accueillirent à bras ouverts le fils du légiste chinonais. C’étaient le lieutenant du roi Artus Cailler, et son gendre le savant André Tiraqueau, l’avocat du roi Jean Brisson, Hilaire Goguet, sénéchal de Talmond, Amaury Bouchard, lieutenant de la sénéchaussée de Saintes. Sous le « berceau de lauriers » du jardin de Tiraqueau, venait s’asseoir aussi Geoffroy d’Estissac, évêque de Maillezais, protecteur et mécène de ce petit monde de lettrés dont il conviait les plus favorisés à son château de l’Hermenault ou à son prieuré de Ligugé.

Dans son couvent même, Rabelais trouva un compagnon d’études et un mentor dans la personne de Pierre Amy, zélé partisan des idées nouvelles, en relations épistolaires avec l’illustre Budé, le rénovateur des études classiques en France. Sous de tels maîtres, son ardeur à apprendre fut si dévorante qu’on pourrait lui appliquer ce qu’il disait lui-même de Pantagruel : « Tel était son esprit entre les livres comme est le feu parmi les brandes. » Il fut bientôt en mesure de faire une traduction du premier livre d’Hérodote (aujourd’hui perdue) et de correspondre avec Budé dans la langue de Platon.

La correspondance échangée entre le savant lecteur de François Ier, Rabelais et Pierre Amy, les épîtres et préfaces de Tiraqueau et de Bouchard, jettent seules quelque lueur sur les années de « moniage » du grand Tourangeau entre 1520 et 1524. Encore s’étendent-elles bien plus complaisamment en périodes cicéroniennes et en développements oratoires qu’elles ne contiennent de faits précis.

Cependant deux lettres de Budé nous apprennent qu’un