Page:Rabelais - Gargantua et Pantagruel, Tome I (Texte transcrit et annoté par Clouzot).djvu/16

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probable que Rabelais mit à profit ces loisirs exempts de soucis matériels pour acquérir ce savoir encyclopédique qui devait faire l’admiration de ses contemporains, et s’initier à l’étude de la médecine, sa science préférée. Puis, entraîné par son humeur vagabonde, il endossa la soutane de prêtre séculier, et se mit à voyager, tantôt exerçant le ministère sacré, tantôt utilisant ses connaissances médicales dans les maisons de son ordre. C’est ainsi, sans doute, qu’il visita les universités d’Angers, de Bourges, d’Orléans, et qu’il arriva à Paris en 1528 ou 1529, suivre les leçons de la Faculté de médecine. Peut-être même, comme son héros Pantagruel, élit-il domicile à l’hôtel ou collège de Saint-Denis, tout près des Grands Augustins, dans une maison spécialement consacrée aux novices de l’ordre de Saint-Benoît qui poursuivaient leurs études dans la capitale.

Ce n’est pas tout à fait ce qu’on peut appeler jeter le froc aux orties !

Nous retrouvons Rabelais à la Faculté de médecine de Montpellier, où il obtient, presque aussitôt son arrivée, le grade de bachelier (26 octobre 1530), et où il professe au printemps suivant un cours de trois mois sur les Aphorismes d’Hippocrate et l’Ars parva de Galien. Il y était encore en octobre (1531, ayant passé sans doute l’été à excursionner dans le Midi, à Narbonne, à Castres, à Agen, avec, comme intermède, la représentation de la Femme mute, cette farce joyeuse qu’il joua à Montpellier avec ses amis Ant. Saporta, Guy Bourguier, Balthazar Noyer, Tolet, Jean Quentin, François Robinet, Jean Perdrier.

Quelques mois plus tard, emportant une réputation médicale bien établie, il partait pour Lyon qui allait être pendant dix ans le centre de ses études et sa véritable patrie intellectuelle.

Libraires et imprimeurs lyonnais rivalisaient à cette époque avec leurs confrères parisiens. Les Gryphe, les Juste, les Nourry, groupaient autour de leurs presses toute une pléiade d’érudits et de gens de lettres, occupés à corriger de savantes éditions grecques et latines, ou à mettre au goût du jour les monuments de la vieille littérature nationale,