Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/396

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choulx ?

Elle a (dist il) nom Aspharage, & sont Chrestiens gens de bien, & vous feront grang chiere.

Brief ie me deliberay d’y aller. Or en mon chemin ie trouvay ung compaignon, qui tendoit aux pigeons. Auquel ie demanday. Mon amy dont vous viennent ces pigeons icy ?

Sire (dist il) ilz viennent de l’aultre monde.

Lors ie pensay que quand Pantagruel baisloit, les pigeons à pleines vollées entroient dedans sa gorge, pensant que feust ung columbier. Puis m’en entray à la ville, laquelle ie trouvay belle, bien forte, et en bel air, mais à l’entrée les portiers me demanderent mon bulletin, de quoy ie fuz fort esbahy, & leur demanday, messieurs y a il icy dangier de peste ?

Ô seigneur (dirent ilz) l’on se meurt icy aupres tant que le chariot court par les rues.

Iesus (dys ie) & où ?

À quoy me dirent, que c’estoit en Laryngues & Pharyngues, qui sont deux grosses villes telles comme sont Rouen & Nantes riches & bien marchandes. Et la cause de la peste a esté pour une puante & infecte exhalation qui est sortie des abysmes despuis na guieres, dont ilz sont mors plus vingt & deux cens soixante mille & seize personnes, despuis huyct iours.

Lors ie pense & calcule, & trouve que c’estoit une puante alaine qui estoit venue de l’estomach de Pantagruel alors qu’il mangea tant d’aillade, comme nous avons dit dessus.

De là partant passay par entre les rochiers, qui estoient ses dentz, & feis tant que ie montay sus une, & là trouvay les plus beaulx lieux du monde, beaulx grans ieux de paulme, belles galleries, belles prariez, force vignes, & une infinité de cassines à la mode Italicque par les champs pleins de delices : et là demouray