Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/66

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Et sabez quey, hillotz ? Que mau de pipe vous byre ! Ce petit paillard tousjours tastonoit ses gouvernantes, cen dessus dessoubz, cen devant derriere, — harry bourriquets ! — et desjà commençoyt exercer sa braguette, laquelle un chascun jour ses gouvernantes ornoyent de beaulx boucquets, de beaulx rubans, de belles fleurs, de beaulx flocquars, et passoient leur temps à la faire revenir entre leurs mains comme un magdaleon d’entraict, puis s’esclaffoient de rire quand elle levoit les aureilles, comme si le jeu leurs euste pleu.

L’une la nommait ma petite dille, l’aultre ma pine, l’aultre ma branche de coural, l’aultre mon bondon, mon bouchon, mon vibrequin, mon possouer, ma teriere, ma pendilloche, mon rude esbat roidde et bas, mon dressouoir, ma petite andoille vermeille, ma petite couille bredouille.

«  Elle est à moy, disoit l’une.

— C’est la mienne, disoit l’aultre.

— Moy (disoit l’aultre), n’y auray je rien ? Par ma foy, je la couperay doncques.

— Ha couper ! (disoit l’aultre) ; vous luy feriez mal, Madame ; coupez vous la chose aux enfans ? Il seroyt Monsieur sans queue. »

Et, pour s’esbattre comme les petits enfans du pays, luy feirent un beau virollet des aesles d’un moulin à vent de Myrebalays.