Page:Rabelais marty-laveaux 01.djvu/95

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plein acte tenu chez les Mathurins, requist ses chausses et saulcices ; car peremptoirement luy feurent deniez, par autant qu’il les avoit eu de Gargantua, selon les informations sur ce faictes. Il leurs remonstra que ce avoit esté de gratis et de sa liberalité, par laquelle ilz n’estoient mie absoubz de leurs promesses. Ce nonobstant, luy fut respondu qu’il se contentast de raison, et que aultre bribe n’en auroit.

«  Raison (dist Janotus), nous n’en usons poinct ceans. Traistres malheureux, vous ne valez rien ; la terre ne porte gens plus meschans que vous estes, je le sçay bien. Ne clochez pas devant les boyteux : j’ai exercé la meschanceté avecques vous. Par la ratte Dieu ! je advertiray le Roy des enormes abus que sont forgez ceans et par voz mains et menéez, et que je soye ladre s’il ne vous faict tous vifz brusler comme bougres, traistres, hereticques et seducteurs, ennemys de Dieu et de vertus ! »

À ces motz, prindrent articles contre luy ; luy, de l’aultre costé, les feist adjourner. Somme, le procès fut retenu par la Court, et y est encores. Les magistres, sur ce poinct, feirent veu de ne soy descroter ; Maistre Janot, avecques ses adherens, feist veu de ne se mouscher, jusques à ce qu’en feust dict par arrest definitif. Par ces veuz sont jusques à present demourez et croteux et morveux, car la Court n’a encores bien grabelé toutes les pieces ; l’arrest sera donné es prochaines calendes Grecques, c’est à dire jamais, comme vous sçavez qu’ilz font plus que nature et contre leurs articles propres. Les articles de Paris chantent que Dieu seul peult faire choses infinies. Nature rien ne faict immortel, car elle mect fin et periode