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le tiers livre.

tes (respondit Epistemon) le cas est hazardeux, ie me sens par trop insuffisant à la resolution. Et si iamais feut vray en l’art de medicine le dict du vieil Hippocrates de Lango, ivgement difficile[1], il est en cestuy endroict verissime. I’ay bien en imagination quelques discours moiennans les quelz nous aurions determination sus vostre perplexité. Mais ilz ne me satisfont poinct apertement. Aulcuns Platonicques disent que qui peut veoir son Genius, peut entendre ses destinées. Ie ne comprens pas bien leur discipline, & ne suys d’aduis que y adhærez. Il y a de l’abus beaucoup. I’en ay veu l’experience en vn gentil homme studieux & curieux on pays d’Estangourre. C’est le poinct premier. Vn aultre y a. Si encores regnoient les oracles de Iuppiter en Amon : de Apollo en Lebadie, Delphes, Delos, Cyrrhe, Patare, Tegyres, Preneste, Lycie, Colophon : en la fontaine Castallie pres Antioche en Syrie : entre les Branchides : de Bacchus, en Dodone : de Mercure, en Phares pres Patras : de Apis, en Ægypte : de Serapis, en Canobe : de Faunus, en Mænalie & en Albunée pres Tiuoli : de Tyresias, en Orchomene : de Mopsus, en Cilicie : de Orpheus, en Lesbos : de Trophonius, en Leucadie. Ie seroys d’aduis (paraduanture non seroys) y aller & entendre quel seroit leur iugement sus vostre entreprinse. Mais vous sçauez que tous sont deuenuz plus mutz que poissons, depuys la venue de celluy Roy seruateur on quel ont prins fin tous oracles & toutes propheties : comme aduenente la lumiere du clair Soleil disparent tous Lutins, Lamies, Lemures, Guaroux, Farfadetz, & Tenebrions. Ores toutesfoys qu’encores feussent en regne, ne conseilleroys ie facillement adiouster soy à leurs responfes. Trop de gens y ont esté trompez. D’aduentaige ie

  1. Voyez Aphorismes, liv. I, aph. 1.