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Comment les femmes ordinairement
appetent choſes defendues.


Chapitre XXXIIII.


On temps (diſt Carpalim) que i’eſtois ruffien à Orléans, ie n’auois couleur de Rhetoricque plus valable, ne argument plus perſuaſif enuers les dames, pour les mettre aux toilles, & attirer au ieu d’amours, que viuement, apertement, deteſtablement remonſtrant comment leurs mariz eſtoient d’elles ialous. Ie ne l’auois mie inuenté. Il eſt eſcript. Et en auons loix, exemples, raiſons, & experiences quotidianes. Ayans ceſte perſuaſion en leurs caboches, elles feront leurs mariz coquz infalliblement par Dieu, ſans iurer, deuſſent elles faire ce que feirent Semyramis, Paſiphaé, Egeſta, les femmes de l’iſle Mandés en Ægypte blaſonées par Herodote & Strabo[1] : & aultres telles maſtines.

Vrayement (diſt Ponocrates) i’ay ouy compter[2], que le Pape Ian. XXII. paſſant vn iour par l’abbaye de Coingnaufond[3], feut requis par l’Abbeſſe, & meres diſcretes, leurs conceder vn indult, moyenant lequel ſe peuſſent confeſſer les vnes es aultres, alleguantes que les femmes de religion ont quelques petites im-

  1. Hérodote & Strabo. Hérodote, II, 46 ; Strabon, XVII.
  2. I’ay ouy compter. Ce conte, souvent reproduit et modifié, remonte assez haut. On le trouve déjà, en 1476, dans les Sermones diſcipuli de tempore serm. 50 ; puis en 1536 dans les Controuerſes des ſexes maſculin & feminin de Gratien Dupont.
  3. L’abbaye de Coingnaufond. 1545 : Fonſheurauld.