Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
288
le quart livre.


mais n’en sortiroit, eternellement y resteroit, sinon que tu le tirasse avecques les dens, que feroys tu ? Le laisseroys tu là sempiternellement ? ou bien le tireroys tu à belles dents ? Responds ô belinier de Mahumet, puys que tu es de tous les diables.

Ie te donneroys (respondit le marchant) un coup d’espée sus ceste aureille lunetière, & te tueroys comme un belier.

Ce disant desguainoit son espée. Mais elle tenoit au fourreau. Comme vous sçavez que sus mer tous harnoys facilement chargent rouille, à cause de l’humidité excessive, & nitreuse. Panurge recourt vers Pantagruel à secours. Frère Ian mist la main à son bragmard fraischement esmoulu, & eust felonnement occis le marchant : ne feust que le patron de la nauf, & aultres passagiers supplièrent Pantagruel, n’estre faict scandale en son vaisseau. Dont feut appoincté tout leur different : & touchèrent les mains ensemble Panurge & le marchant : & beurent d’autant l’un à l’autre dehayt, en signe de perfaicte reconciliation.