ſainct Ligaire. arriuans à la caſſine de loing il apperceut Tappecoue, qui retournoit de queſte, & leurs diſt en vers Macaronicques.
Hic eſt de patria, natus de gente beliſtra,
Qui ſolet antiquo bribas portare biſacco.[1]
Par la mort diene (dirent adoncques les Diables) il n’a voulu preſter à Dieu le pere vne paouure chappe : faiſons luy paour. C’eſt bien dict (reſpond Villon) Mais cachons nous iuſques à ce qu’il paſſe & chargez vos fuzees & tizons. Tappecoue arriué au lieu, tous ſortirent on chemin au dauant de luy en grand effroy iectans feu de tous couſtez ſus luy & ſa poultre : ſonnans de leurs cymbales, & hurlans en Diable. Hho, hho, hho, hho : brrrourrrourrrs, rrrourrrs, rrrourrrs. Hou, hou, hou, Hho, Hho, hho : frere Eſtienne faiſons nous pas bien les Diables ?
La poultre toute effrayee ſe miſt au trot, à petz, à bonds, & au gualot : à ruades, freſſurades, doubles pedales, & petarrades : tant qu’elle rua bas Tappecoue, quoy qu’il ſe tint à l’aube du baſt de toutes ſes forces. Ses eſtriuieres eſtoient de chordes : du couſté hors le montouoir ſon ſoulier ſeneſtre eſtoit ſi fort entortillé qu’il ne le peut oncques tirer. Ainſi eſtoit trainné à eſcorchecul par la poultre touſiours multipliante en ruades contre luy, & fouruoyante de paour par les hayes, buiſſons, & foſſez. De mode qu’elle luy cobbit toute la teſte, ſi que la ceruelle en tomba près la croix Oſaniere[BD 1], puys les bras en pièces, l’vn ça, l’aultre là, les iambes de meſmes, puys des boyaulx feiſt vn long carnaige, en ſorte que la poultre au conuent arriuante, de luy
- ↑ Croix Oſanniere. en Poicteuin, eſt la croix ailleurs dicte Boyſſeliere : pres laquelle au dimenche des rameaux lon chante. Oſanna filio Dauid. &c.
- ↑ Hic… biſacco. « Celui-là est de patrie et de race bélitre, qui a coutume de porter des bribes dans un antique bissac. »