Page:Rabelais marty-laveaux 02.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comment Pantagruel remonſtre à Panurge difficile
choſe eſtre le conſeil de mariage, & des ſors
Homeriques & Virgilianes[1].


Chapitre X.


Vostre conſeil (diſt Panurge) ſoubs correction, ſemble à la chanſon de Ricochet : Ce ne ſont que ſarcaſmes, mocqueries, & redictes contradictoires. Les vnes deſtruiſent les aultres. Ie ne ſçay es quelles me tenir. Auſſi (reſpondit Pantagruel) en vos propoſitions tant y a de Si, & de Mais, que ie n’y ſçaurois rien fonder ne rien reſouldre. N’eſtez vous aſceuré de voſtre vouloir ? Le poinct principal y giſt : tout le reſte eſt fortuit & dependent des fatales diſpoſitions du Ciel. Nous voyons bon nombre de gens tant heureux à ceſte rencontre, qu’en leur mariage ſemble reluire quelque Idée & repræſentation des ioyes de paradis. Aultres y ſont tant malheureux, que les Diables qui tentent les Hermites par les deſers de Thebaide & Monſſerrat, ne le ſont d’aduentaige. Il ſe y conuient mettre à l’aduenture, les œilz bandez, baiſſant la teſte, baiſant la terre, & ſe recommandant à Dieu au demourant, puys qu’vne foys l’on ſe y veult mettre. Aultre aſceurance ne vous en ſçauroys ie donner.

  1. Des ſors Homeriques & Virgilianes. Rabelais a tiré de Lampride, de Spartianus, de Trebellius Pollio et de Capitolinus, la plupart des anecdotes qu’il raconte dans ce chapitre.