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Comment Pantagruel remonstre le sort
des dez estre illicite.


Chapitre XI.


Ce seroit (dis Panurge) plus toult faict & expedié à troys beaulx dez. Non, respondit Pantagruel. Ce sort est abusif, illicite, & grandement scandaleux. Iamais ne vous y fiez. Le mauldict liure du passetemps des dez feut long temps a inuenté par le calumniateur ennemy en Achaïe pres Boure : & dauant la statue de Hercules Bouraïque y faisoit iadis, de præsent en plusieurs lieux faict, maintes simples ames errer, & en ses lacz tomber. Vous sçauez comment Gargantua mon pere par tous ses royaulmes l’a defendu, bruslé auecques les moules & protraictz, & du tout exterminé, supprimé & aboly, comme peste tresdangereuse. Ce que des dez ie vous ay dict, ie diz semblablement des tales. C’est sort de pareil abus. Et ne m’alleguez pas au contraire le fortuné iect des tales que feit Tibere[1] dedans la fontaine de Apone à l’oracle de Gerion. Ce sont hamessons par les quelz le calumniateur tire les simples ames à perdition eternelle.

Pour toutesfoys vous satisfaire, bien suys d’aduis

  1. Voyez Suétone, Vie de Tibère, c. 14.