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Page:Rabelais marty-laveaux 04.djvu/167

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pantagruel, t. i, p. 213

Mais par ma ſoy au reſueiller
Ilz ont eu plus ſoef la mitié
Que deuant.

Comme nom commun il désigne un violent mal de gorge, une sorte d’angine, qui suffoque et empêche presque absolument de parler. L’auteur du Vergier d’honneur dit en parlant d’un homme parvenu à une extrême vieillesse :

… le Panthagruel le grate
Si tres fort dehors & dedans,
Que parler ne peult…

On lit dans une sotie où il s’agit d’un personnage qui feint d’être muet :

… il a le lempas.
— Non vrayement, il ne l’a pas ;
Tu ſcès bien qu’il n’eſt pas cheual.
— Il a donc quelque aultre mal.
A-il point le Panthagruel ?
— On ne l’a iamais ſi cruel
Qu’il garde de parler aux gens.

(Ancien Théâtre françois, t. II, p. 235 : Sottie nouvelle à ſix perſonnaiges)

M. Picot a conclu de ce dialogue que le Pantagruel de Rabelais était depuis longtemps connu des spectateurs. « Ce motif, dit-il, nous autorise à placer la sottie nouvelle vers 1545. » (Étude sur la sottie, Romania, année 1878, p. 307). On a pu se convaincre, par les deux premiers passages que nous avons cités, que Pantagruel est beaucoup plus ancien que Rabelais.

Comme nos anciens auteurs, Rabelais a tait plus d’une fois allusion à cette signification du nom de son héros : l’écolier limousin « diſoit ſouuent que Pantagruel le tenoit à la gorge » (t. I, p. 243) ; « aultres auons ouy ſus l’inſtant que Atropos leurs couppoit le fillet de vie, ſoy grieſuement complaignans & lamentans de ce que Pantagruel les tenoit à la guorge. »