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Page:Rabelais marty-laveaux 05.djvu/32

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notice biographique sur rabelais

sidérer assez mal à propos comme un novateur, un homme de l’avenir. Novateur, il l’est en un certain sens ; car c’est mériter ce titre que de vouloir appliquer, à la culture des sciences, des principes différents de ceux qui sont généralement suivis. Homme de l’avenir, il ne saurait être considéré comme tel. S’il approuve Manardi, ce n’est pas pour avoir défendu des idées nouvelles, c’est au contraire pour s’être appliqué à « rendre à la médecine ancienne et légitime son éclat d’autrefois ». À ses yeux la restauration de la science et de la philosophie antique est la conséquence naturelle de la Renaissance des lettres. Pour toutes choses, c’est au passé, mais à un passé fort reculé, c’est à l’antiquité grecque et latine qu’il demande les règles à suivre et les modèles à imiter.


Deux mois après avoir publié les lettres de Manardi, Rabelais faisait paraître une traduction latine de quelques livres d’Hippocrate et de Galien, ornée d’une dédicace à Geoffroy d’Estissac. Cette édition présente un certain nombre de corrections, qu’il juge importantes, tirées d’un ancien manuscrit grec qui lui appartenait, et dont il avait fait usage l’année précédente dans le cours professé à Montpellier. Le titre de ce volume porte un distique latin que personne n’a remarqué, et dont voici la traduction : « Ici est la source inépuisable de l’art médical. Buvez-y, à moins qu’une mare d’eau dormante ne convienne mieux à vos goûts. » Ici encore c’est dans le passé que Rabelais place la vraie source de toute science, et déjà,