Page:Rabelais marty-laveaux 05.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xliii
et la langue de rabelais

C’est le patrius sermo. L’ensemble des parlers des ancêtres de toutes provinces, de toutes conditions, de tous métiers pratiqués jusqu’alors ; et comme la langue érudite surgit à cette époque en même temps que renaissent les sciences antiques, rien ne manque au vocabulaire de Rabelais, qui peut être considéré comme le monument le plus important du langage français au milieu du xvie siècle. Il est complet de tout point, depuis la plus haute éloquence jusqu’aux injures les plus vulgaires. Son livre n’est pas un tableau, mais un miroir de la société du temps.

La langue de Rabelais, c’est la langue du xvie siècle dans toute sa vaste étendue. Calvin nous fait connaître la langue religieuse, Montaigne la langue philosophique, Brantôme le caquetage des courtisans ; mais Rabelais, dans sa vaste synthèse, embrasse la langue religieuse la plus élevée, ainsi que la langue philosophique, les langages techniques, les dialectes, l’argot, et descend même plus bas.

Il connaît quelquefois le mot mieux que la chose. Jal le lui reproche, mais malgré quelques inexactitudes, certaines impropriétés, l’effet littéraire pittoresque n’en est pas moins produit sur tout lecteur qui n’est pas historiographe de la marine.

Il ne hait pas la période, mais il a horreur de la périphrase. En cela il est bien Français, bien populairement Français.