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saurait être de Rabelais, bien qu’elle ait paru à la suite du Pantagruel, éditions de 1537 et 1538, et aussi (sous le titre de Merveilleuses navigations de Panurge) dans les éditions du même livre : Lyon, Dolet, 1542, et Valence, 1547. » Il semble que l’auteur du Manuel se soit laissé influencer par le jugement de ses devanciers, et surtout par celui d’un consciencieux et docte pantagruéliste, Stanislas de l’Aulnaye, qui avait dit, dans son édition de Rabelais, en parlant du Disciple de Pantagruel : « C’est bien la plus misérable, la plus bête, la plus plate production que puisse enfanter l’esprit humain. »

Après une pareille sentence, on trouvera peut-être qu’il est bien audacieux non pas de vouloir réhabiliter tout à fait le Disciple de Pantagruel mais d’oser soutenir que cette production, qualifiée de plate, de bête, de misérable, est de Rabelais et ne peut être que de lui. Est-il possible, en effet, de supposer que François Juste, libraire et imprimeur de Lyon, l’éditeur ordinaire de Rabelais et sans doute son confident et son ami, ait pu réunir aux deux premiers livres de Gargantua et de Pantagruel un ouvrage qui ne fût pas de Rabelais et qui était indigne de lui ? J.-Ch. Brunet cite, en effet, une édition de François Juste, datée de 1542, dans laquelle ces deux premiers livres ont été joints aux Navigations de Panurge, qui ne sont pas autre chose que le Disciple de Pantagruel. Ces mêmes Navigations se retrouvent non seulement dans l’édition lyonnaise de P. de Tours datée de 1543, dans celle de Valence, Claude de la Ville, imprimée aussi à Lyon en 1547, mais encore dans celle de Lyon, 1542, publiée par Étienne Dolet, qui était depuis longtemps