lecture dudict livre, lorsqu’on les tenoit és limbes, ny plus ny moins que les femmes estant en mal d’enfant, quand on leur lit la Vie de Sainte Marguerite. Est-ce rien cela ? Trouvez-moy livre, en quelque langue, en quelque faculté et science que ce soit, qui ait telles vertus, proprietz et prerogatives, et je payeray choppine de tripes. » Rabelais faisait donc lire à ses pauvres vérolés les Chroniques de Gargantua et de Pantagruel ainsi que le Disciple de Pantagruel ou les Navigations de Panurge.
Ces titres-là ne sont pas les seuls que les médecins ou les libraires avaient donnés à l’ouvrage exhilarant de Rabelais : on le réimprima douze ou quinze fois au moins, de 1533 à 1660, en l’intitulant tantôt : Bringuenarilles cousin germain de Fessepinte ; tantôt et surtout : La Navigation du Compagnon à la Bouteille ; tantôt encore : Le Voyage et navigation des Isles inconnues. Ces éditions, faites à Lyon, à Rouen, à Paris, à Orléans et à Troyes, ne diffèrent entre elles que par des variantes de style et par l’addition ou la suppression de deux ou trois chapitres ; le titre primitif, Le Disciple de Pantagruel, est accompagné d’un titre accessoire : Le Voyage et navigation que fist Panurge, Disciple de Pantagruel, aux Isles incongneues et estranges, second titre, qui caractérise en ces termes l’objet et le caractère de l’ouvrage : pour exciter les lecteurs et auditeurs à rire. C’est ainsi que Rabelais avait exposé, dans le dixain Aux lecteurs, le but principal de son Gargantua :
Mieulx est de ris que de larmes escripre,
Pour ce que rire est le propre de l’homme.
Le Disciple de Pantagruel est donc le troisième