Page:Rabelais ou imitateur - Le Disciple de Pantagruel, éd. Lacroix 1875.djvu/73

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lées toutes fraisches, de la longueur de quarante ou cinquante toyses du moins, les meilleures que jamais homme mangeast ; mais il les fault faire cuyre avecq lesdictz poys qui les veult trouver bonnes. Elles n’ont nulz os non plus que celles de Milan, et sont ainsi fermes et solides.

Nous en emplismes le bas de nostre navire et les couspasmes par trançons, de la longueur de chevrons, que nous entassasmes les ung sur les aultres comme busches de moule. Les tronçons sont plus gros qu’une grosse tonne à harencz sorez.

Mais que nous faisons nostre festin et banquet joyeulx, s’il vous plaist de vous y trouver, nous vous en donnerons.

Sur la rive d’icelluy fleuve, il y a de grandz arbres qui sont vers en tous temps, comme sont houlx, lauriers ou orengiers, plus haulx et plus eslevez que les plus haulx sapins que vous vissiez jamais, lesquelz portent ung fruict long d’envirqn trois toyses, qui est comme casse fistule, et y en a de masle et de femelle. Dedans les cosses des masles croissent les boudins tous rostiz, et dedans celluy des femelles croissent les saulcisses toutes chauldes et toutes rosties.

Quand l’on en veult menger, il ne les fault que escosser comme Ton feroit febves. Nous en fismes bonne provision d’escossez et à escosser, pource que nous ne sçayions où nous nous pour, rions trouver.