Aller au contenu

Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
vi
NOTICE.

serie à laquelle il a convié l’élite des beaux esprits de son temps, Bussy joue le principal rôle, mais chaque invité prend la parole à son tour[1]. De là une variété de physionomies, de langage et de sujets qu’on rencontrerait difficilement ailleurs.

Les lettres de Bussy embrassent une période de vingt-six ans et nous mènent presque jusqu’à sa mort (9 avril 1693). Elles commencent précisément à l’époque où finissent ses Mémoires, au mois de septembre 1666, c’est-à-dire au moment où à peine sorti de la Bastille, il part pour aller subir en Bourgogne un exil qu’il espérait devoir être de courte durée, et que la rigueur inexorable de Louis XIV prolongea pendant dix-sept ans. Il avait laissé à Paris quelques amis, des femmes surtout, qui se chargèrent de l’informer de ce qui se passait dans la brillante société, qu’il avait quittée avec tant de regrets. Les lettres qu’il leur adressait de son côté circulèrent et ne tardèrent pas à lui attirer une foule de correspondants qui se firent un honneur d’être en commerce régulier avec un homme vanté, à juste titre, pour son esprit, son goût, sa galanterie, et dont madame de Montglas disait plaisamment « qu’il n’en arrivait qu’un en trois bateaux. » Aux nouvelles de cour, aux nouvelles politiques, se mêlent bientôt les nouvelles littéraires. On échange avec lui des ballades, des sonnets, des bouts-rimés ; on lui envoie les pièces et les livres qui viennent de paraître ; les auteurs lui soumettent leurs ouvrages avant de les donner au pu-

  1. Ainsi sur les 401 lettres que contient notre premier volume, il y en a environ la moitié qui sont écrites par quarante personnes différentes. Le nombre total des correspondants de Bussy s’élèvera à plus de 150.