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Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/34

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CORRESPONDANCE DE BUSSY-RABUTIN.

nous verrez-vous en peinture. J’ai dit à la duchesse d’Orval ce que vous désiriez d’elle, monsieur. Jamais elle ne fut ni si grasse ni si belle ; ainsi elle ne fait aucune difficulté de vous accorder son portrait. Pour votre Cœur[1], il n’est pas en état qu’on lui fasse cette proposition. Il est gros de six mois : il a la fièvre, une fluxion sur la poitrine et il a été saigné sept fois depuis quinze jours ; enfin on ne le voit ni on ne lui parle. Pour moi, si le portrait d’une étique a quelques charmes pour vous, je réussirai à vous plaire, car je la suis au dernier point, et le lait d’ânesse, qui engraisse tout le monde, m’amaigrit et me jaunit tous les jours. Jugez avec la beauté que Dieu m’a donnée quel effet cela peut faire. Je ferois bien mieux, ce me semble, de vous en ménager quelque autre. Je vis hier la comtesse du Plessis, qui me demanda si j’avois de vos nouvelles, et qui me pria de vous faire des compliments et des amitiés de sa part.

La comtesse de Fiesque me parle toujours de vous. Elle est occupée comme les autres pour la fête de Versailles, qui durera les trois jours gras et qui coûte des millions à tout le monde.

19. — Bussy à mademoiselle d’Armentières.
À Bussy, ce 16 février 1667.

Je vous rends mille grâces, mademoiselle, de la peine que vous avez prise de faire à notre duchesse la proposition que vous lui avez faite de ma part. Trouvez bon que je la remercie ici de la grâce qu’elle me veut faire de m’accorder son portrait. En attendant que je m’adresse à elle-même, je vous supplie de lui dire que je me réjouis plus de son

  1. La marquise de Villeroy.