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Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/35

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1666. — OCTOBRE

embonpoint et de sa beauté pour l’amour d’elle que pour l’ornement qu’elle donnera à ma galerie. Je suis bien fâché que mon Cœur ne soit pas en si bon état. Je ne m’étonnois pas qu’il fut gros pendant que j’étois à la Bastille. Mais aujourd’hui que je suis libre et en bonne santé, cela me surprend au dernier point. Je vous supplie, mademoiselle, de lui faire mon compliment quand on la pourra voir.

Pour vous, qui prétendez me refuser votre portrait sous prétexte que vous êtes maigre et jaune, défaites-vous de cette pensée. J’ai toujours été fort aise que vous fussiez grasse et blanche ; mais comme ce n’étoit pas pour cela que je vous aimois, je ne souhaiterai pas moins votre portrait quand vous ne serez plus ni l’un ni l’autre ; que si vous ne sauriez absolument vous résoudre de laisser à la postérité une peinture de vous plus maigre que vous n’êtes d’habitude, je consens que votre peintre vous donne la graisse que vous me mandez que votre ânesse vous refuse.

20. — La comtesse de Fiesque à Bussy.
À Paris, ce 28 février 1667.

Je ne vous ai point écrit depuis le dégel, monsieur, parce que j’espérois toujours que vous partiriez, puisque vous n’attendiez que le beau temps ; mais je vois bien que ce ne sera pas si tôt, et je ne sais si je vous en dois plaindre ; car je vous assure que l’on s’ennuie ici à la mort. Je vous conseille pourtant de revenir quand les chemins vous le permettront. Madame de Montglas[1] est ar-

  1. Madame de Montglas, après avoir eu avec Bussy une liaison qui dura douze ans, le trahit lorsqu’il fut enfermé à la Bastille. Voy. sur elle. Mémoires, passim, et l’Histoire amoureuse des Gaules, ibid., t.  II, p. 424 et suiv.