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Page:Rabutin - Correspondance, t. 1, éd. Lalanne, 1858.djvu/36

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CORRESPONDANCE DE BUSSY-RABUTIN.

rivée ; je ne l’ai point encore vue. Je vous trouve sur son sujet comme je vous ai souhaité il y a longtemps. Il faut pourtant que cette grande indifférence soit accompagnée d’une grande sagesse ; car autrement nous vous tomberions toutes sur les bras ; c’est-à-dire, de mon côté vous auriez beaucoup de gronderie, et puis c’est tout ; et dans la vérité vous auriez tort. Mais n’en parlons plus, car cela n’est plus de saison. Il est question de savoir que la paix de Portugal est faite de couronne à couronne avec l’Espagne ; que les Espagnols, les Anglois et l’Empire ont signé la ligue contre nous ; et qu’enfin on ne doute point de la guerre. Voilà les nouvelles les plus considérables. Si vous ne venez pas sitôt, je vous manderai les bagatelles. Faites-le moi savoir, et sur toutes choses, croyez qu’on ne peut être à vous plus que j’y suis. Je m’en vais à Luxembourg[1], où Mademoiselle a une cour admirable, mais divertissante à l’ordinaire. Adieu, mon cher cousin. J’ai une grande impatience que vous soyez ici. J’espère que nous nous en divertirons davantage à notre hôtel, où l’on vous désire fort.

21. — Madame du Bouchet[2] à Bussy.
À Paris, ce 1er mars 1667.

On m’avoit fait espérer, monsieur, que vous étiez sur le point de revenir à Paris, et je viens d’apprendre le contraire avec autant de chagrin que j’aurois eu de joie de vous revoir cet hiver au coin de mon feu. Mon Dieu ! quand votre mauvaise étoile disparoîtra-t-elle ? Toute la

  1. C’est-à-dire au palais du Luxembourg.
  2. Femme de Jean, comte du Bouchet, auteur de plusieurs ouvrages généalogiques, mort en 1680.